Dernières actualités avec #50 m papillon


L'Équipe
12 hours ago
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Maxime Grousset : « Avant le départ d'une course, je sais si je vais performer ou non »
Le nageur français de 26 ans, sacré champion du monde du 50 m papillon ce lundi à Singapour, raconte son rapport à la natation dans la rubrique « Fenêtre sur corps » du magazine « L'Équipe ». « À 9 ans, j'ai eu le déclic pour la natation en voyant Alain Bernard devenir champion olympique (à Pékin en 2008, sur 100 m libre) depuis ma maison de Nouméa. Il était tellement imposant, tellement large, c'était un bonhomme. Je me suis dit que j'allais être pareil. Au début, mes progrès en nage étaient rapides. Mais à 14 ans, les chronos ont stagné. Ça m'a donné envie d'arrêter. Joey Starr : « Je vous souhaite d'avoir un 55 ans comme le mien » Heureusement, la puberté est arrivée et j'ai enfin grandi. Là, j'ai commencé à battre des records de Nouvelle-Calédonie et signer les meilleures performances françaises dans mes catégories d'âge. Pour continuer à évoluer et me frotter à une autre concurrence, il fallait que je quitte mon île. Je suis arrivé à Amiens (en 2016, à l'Amiens Métropole Nation, club où il évoluera jusqu'à l'été 2021 avant de rejoindre le CS Clichy 92) pour être coaché par Michel Chrétien. Mon corps a dû s'adapter à une nouvelle charge d'entraînement, mais aussi à un nouveau climat. En Nouvelle-Calédonie, je ne nageais que dans des piscines extérieures. En Picardie, le temps s'y prête moins. (Rires.) Pour moi, c'était compliqué à supporter, physiquement et mentalement. « J'aime la glisse, le plaisir de tracter avec facilité, de traverser l'eau. C'est très délicat à sentir » Le plus dur restait quand même le changement sportif. J'ai triplé ma dose d'entraînement : deux séances de nage par jour et trois de musculation par semaine. J'ai pris un choc, je n'avançais plus dans l'eau. C'est devenu un combat contre mon corps. Mais ça a payé. Peu à peu, mes temps se sont améliorés. Ce qui ne m'a jamais quitté, c'est la sensation de l'eau. J'aime la glisse, le plaisir de tracter avec facilité, de traverser l'eau. C'est très délicat à sentir. Avec la vitesse que crée le corps, on génère une onde et au bout d'un moment, on surfe notre propre vague. Ça, c'est pour les sensations agréables. Mais la natation, c'est aussi le sport où je me fais mal parce que je la pratique à l'extrême. La répétition des mouvements m'éprouve, parfois jusqu'à la blessure. Souvent, ce sont les épaules où j'ai des douleurs. Tout au long de l'année, il y a des hauts et des bas, mais c'est toujours présent. Presque tous les jours, je demande à mon corps d'aller chercher des limites qu'il ne connaît pas. « J'ai même parfois l'impression de finir avec deux baguettes qui ne bougent plus à la place des jambes » Je pratique le crawl et le papillon. Ils nécessitent quasiment le même mouvement de traction. Si on n'a pas d'élasticité dans les épaules, c'est compliqué. Je travaille ça au yoga, une discipline qui m'a fait gagner en force et en stabilité sur le haut du corps. Je me plains de mes épaules, mais je surveille également beaucoup mes chevilles. Retrouvez tous les podcasts de la rubrique « Fenêtre sur corps » Comme nous sommes rarement sur nos deux pieds hors de l'eau, nous avons des chevilles très flexibles, avec des amplitudes anormales. Ça arrive vite de se les tordre et de tout déchirer. Quand une blessure survient, je me dis plutôt que je fais confiance à mon corps. Qu'il va être bien au bon moment. Et pour l'instant, il ne m'a jamais déçu. Les répétitions de séances de natation ont un autre effet : j'atteins une sorte de lâcher-prise. Les jours où j'ai le plus performé, ce sont les moments où je n'ai rien contrôlé. Mes mouvements étaient devenus logiques, comme des automatismes qui se mettent en place. Et là, il n'y a plus trop de fatigue. Mes sensations deviennent différentes. À la fin de la course, c'est comme si je ne pouvais plus faire le geste, qu'il n'y avait plus de connexion entre ma tête et mon corps. J'ai même parfois l'impression de finir avec deux baguettes qui ne bougent plus à la place des jambes. Et quand, après, je regarde la vidéo, je suis étonné de voir que mes battements ne se sont pas arrêtés. Je connais tellement mon corps qu'avant le départ d'une course, je sais si je vais performer ou non. Maxime Grousset, un champion du monde né sous le signe de l'eau Juste avant, je m'étire contre un mur. Si je ne sens plus rien, que ça ne tire plus, je suis sûr que je suis en forme, que je vais réaliser une bonne performance. A contrario, je ne sais pas cacher quand je ne suis pas bien. Ça se lit sur mon visage. Il est même arrivé que mon entraîneur me vire du bassin juste parce que j'avais une sale gueule. (Rires.) »


Le Figaro
2 days ago
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«Ça donne de l'appétit»: déjà en or aux Mondiaux de natation, Maxime Grousset rêve d'une semaine historique
Réservé aux abonnés RÉCIT - Le Néo-Calédonien de 26 ans a décroché, lundi, le deuxième titre mondial de sa carrière en finale du 50 m papillon, à Singapour. Les Mondiaux de natation ne pouvaient pas mieux débuter pour la France. Le temps d'un battement d'ailes de papillon. Trois petits centièmes, qui ne déclenchèrent peut-être pas un typhon à l'autre bout de la planète, mais suffirent à laisser sans voix les spectateurs de l'OCBC Arena de Singapour, incrédules après le succès de Maxime Grousset en finale du 50 m papillon à l'issue d'un suspense total. En 22''48, le Néo-Calédonien ne s'est ainsi pas contenté de battre, pour la deuxième fois en deux jours, son record de France de la distance. Le Français a surtout décroché, à 26 ans, le deuxième titre mondial de sa carrière, deux ans après son triomphal 100 m papillon de Fukuoka (Japon). « Je l'ai fait une fois, je le fais une deuxième fois, je savoure chaque instant », tentait-il d'analyser à sa sortie du bassin. « La joie est la même qu'en 2023, et en même temps différente, mais je ne sais pas expliquer pourquoi ni comment… » Peut-être que le scénario de cette folle finale - digne de la fable du Lièvre et de la Tortue - pourrait constituer un début d'explication…

L'Équipe
2 days ago
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De l'enfance en Nouvelle-Calédonie à l'or de Singapour : Maxime Grousset, le champion qui vient du bout du monde
Après une enfance en Nouvelle-Calédonie, Maxime Grousset s'est exilé depuis 2016 en métropole. Le nouveau champion du monde du 50 m papillon s'est toujours nourri d'un collectif et des défis qu'il se lance à lui-même et aux autres pour avancer. C'est un moment charnière. De ceux qui font basculer une vie pour un futur double champion du monde. Ce jour de septembre 2016, Sandrine et Stéphane Grousset accompagnent leur fils à Amiens. Il est né dix-sept ans plus tôt à Nouméa, aime passionnément la natation et leur a annoncé son désir de quitter la Nouvelle-Calédonie pour progresser sous les ordres de Michel Chrétien en Picardie. À l'évocation de ce souvenir, la maman s'étrangle. Il est toujours difficile de voir son enfant s'éloigner, surtout à 17 000 kilomètres. « C'était une fantastique journée ensoleillée, on a vu Amiens non pas comme un petit paradis mais comme une ville charmante avec ces briques rouges sous un ciel bleu », sourit le père. « Il est arrivé avec un autre nageur, Thibault Mary. Ils étaient en bermuda, marchaient pieds nus. Ce n'étaient peut-être pas des guerriers, mais ils étaient durs au mal, s'étonne encore Chrétien. Quand j'ai demandé à Max pourquoi il voulait venir, il m'a répondu : "Je veux être champion olympique. C'est mon rêve depuis tout petit.'' Mais venir à Amiens, je ne sais pas ce qui lui est passé par la tête... » Le binôme ne tarde pas à créer des liens forts. Ils ont rejoint ensemble l'Insep quand il a été question de créer un groupe d'élite au coeur du bois de Vincennes. « C'est un garçon qui est beaucoup dans l'affect, il a besoin d'avoir un regard bienveillant et je lui ai rendu ça, je crois », glisse pudiquement Chrétien. À Fukuoka, pour son premier titre mondial, sur 100m papillon, ses parents étaient venus en presque voisins. Ils ont pleuré de joie en brandissant un drapeau tricolore pendant la Marseillaise. Ils mesurent la détermination et l'abnégation nécessaires à un tel accomplissement. Ils revisitent des instants, des anecdotes qui le racontent. « En Nouvelle-Calédonie, il y a beaucoup de sollicitations. Ses copains qui pratiquaient le surf, le paddle ou le kitesurf ont essayé de l'attirer » Les parents de Maxime Grousset Arrivés en Nouvelle-Calédonie en 1995, ils n'en sont jamais repartis. Né sous le signe de l'eau en 1999, Grousset était un bébé quand son père l'a plongé dans la mer. « C'est sa spécialité, taquine Sandrine. Les jeunes enfants, il les prend et les met dans l'eau. Comme un baptême. » Stéphane joue au water-polo. Sa petite soeur aussi continue de nager, même si la vie l'a menée vers d'autres horizons. Même Sandrine, plus adepte du fitness, s'y est mise il y a cinq ans. Maxime a bien hésité à abandonner, mais il s'est ravisé, et entêté. « En Nouvelle-Calédonie, il y a beaucoup de sollicitations. Ses copains qui pratiquaient le surf, le paddle ou le kitesurf ont essayé de l'attirer. Il ne s'est jamais dispersé », racontent ses parents. Sans doute grâce à l'ambiance de son club à Nouméa, des défis qu'ils se lançaient. Déjà. S'il a hérité du côté rêveur de sa maman, de son côté excessif aussi, il tient son esprit de compétition de son père. « À l'origine, il était brasseur, révèle Stéphane. Le club organisait des sélections pour que les meilleurs de ses 9-12 ans participent aux Championnats néo-zélandais. À 8 ans, Maxime a raté de peu le chrono et n'a pas été retenu. Ça a été une catastrophe. Le premier truc qui l'avait affecté. Mais il a gagné tous les ans après ça. » 72 kilos en 2016, 92 kilos aujourd'hui « En Nouvelle-Calédonie, il était monomaniaque du 50 m. Mais quand il est arrivé à Amiens, il a pris conscience de devoir bosser pour passer sur le 100 m, souligne son entraîneur. Il réalisait les mêmes temps que les filles mais il s'est accroché. Il s'est découvert une grosse capacité de travail. Parce qu'il a toujours continué à jouer au quotidien. » « Il est têtu, pointe sa mère. Quand il a un objectif, il s'y tient. » Son mari prolonge : « Il est alors capable sans effort de faire le vide autour de lui. » Cette concentration lui permet de progresser, de casser les barrières lors des grands Championnats. « En 2018, il se prend des taules pour sa première sélection chez les grands, se souvient son père. Logique, il n'était pas physiquement comme aujourd'hui (72 kg en 2016, 92 aujourd'hui pour 1,92 m). Mais l'année suivante, lors des Mondiaux en Corée du Sud, il finit 9e en demie du 50 m, les gens sont déçus, mais nous, on est fous de joie dans notre canapé parce qu'il vient de passer la barre des 22''. » L'échec des Jeux Olympiques à Paris, où il a dû se contenter d'une médaille avec le relais 4x100m 4 nages, ne l'a pas non plus fait dévier de sa route. Toujours sous le signe de l'eau.